Témoignage de Marie-Laure

Dans leur ouvrage intitulé Le Pouvoir du Lien, Hélène Viruega et Manuel Gaviria, apportent des explications sur les progrès pérennes observés chez les patients à la suite de leur programme de réadaptation chez Equiphoria.

« La mise en mouvement et la chaleur du cheval permettent à l’axe intestin-cerveau d’opérer des changements majeurs de la chimie cérébrale et du corps entier par la libération des « molécules du bonheur » : dopamine, endorphines, sérotonine, …. Les effets sur l’humeur sont immédiats. Le terrain est donc fertile pour introduire des changements pérennes grâce à la fois à la répétition et à l’effet facilitateur de la motivation. La plasticité cérébrale serait donc « contrôlée » par l’individu lui-même, ses désirs et ses besoins (…).

Pour arriver à transformer ce déclencheur en changement durable, il faut ajouter la touche du professionnel de santé, dans sa spécialité, qui va profiter de cet état de l’être, de cette facilitation, pour structurer ses objectifs thérapeutiques. »

Le Pouvoir du Lien, H. Viruega et M. Gaviria, Domaine du Possible, Editions Actes Sud, 2020

TEMOIGNAGE DE MARIE-LAURE

Ma fille Cécile, porteuse d’un handicap d’origine indéterminée, a bénéficié́ de soins selon plusieurs méthodes de réorganisation neuro-fonctionnelle. Elle est venue à Equiphoria pour la première fois en juin dernier.

Agée de 16 ans, je voulais proposer à Cécile une stimulation moins « intrusive » dans le sens où elle n’avait pas à être sollicitée directement par des adultes (ce qui induit implicitement pour l’enfant une attente de résultats et un stress). Très émotive et très kinesthésique, la médiation via un animal me paraissait une porte d’entrée intéressante.

A Equiphoria, Cécile a réellement pris plaisir aux séances. Le cheval était un animal impressionnant pour elle qui le cotoyait seulement à distance, avec méfiance, pendant les 12 ans d’équitation de sa sœur ainée Julie. Cécile était donc anxieuse à l’idée de monter sur un cheval, mais l’équipe a su la guider en douceur et Cécile a réussi à se détendre très rapidement. Dès le premier jour, elle a demandé́ à revenir et est repartie de son séjour heureuse de son expérience, voire fière.

Suite à ce premier stage, des progrès significatifs sont apparus au niveau de son expression. Comme si quelque chose s’était débloqué au niveau émotionnel : moins dans la peur et dans l’appréhension de faire, Cécile est devenue plus libre de s’exprimer. Comme si quelque chose s’était réveillé en elle.

A l’unanimité, tous ceux qui la côtoient disent qu’« elle parle mieux ». En effet, elle ne se contente plus de 2 ou 3 mots prononcés approximativement pour s’exprimer et elle commence ses premières phrases (« je veux aller à… »), qu’elle se répète volontairement pour s’en imprégner

Elle a de plus en plus envie de parler, d’avoir des conversations avec les autres. Elle appelle au téléphone son cousin Théo, sa sœur Julie. Quand elle part passer quelques jours chez ses grands-parents et que je l’appelle, elle cherche à me raconter sa journée. Avant, elle me disait juste « oui » ou « non » et ça s’arrêtait là. Maintenant je lui pose des questions et elle veut me raconter.

D’attentiste, elle est devenue actrice, ce qui a eu un impact positif dans son quotidien (et dans le mien aussi !). Cécile a toujours eu une grande mémoire et connaissait sans doute les différentes étapes d’une tâche. Maintenant, elle arrive à effectuer ces étapes séquentiellement et par suite à effectuer la tâche en autonomie.

Ainsi, par exemple, au moment des repas, elle s’est mise à se servir toute seule puis quelques temps après à proposer (par des gestes) de servir les autres ( !) puis à mettre le couvert spontanément ( !) voire même parfois à choisir le plat du repas dans le frigo et à le mettre à chauffer sur la plaque vitro céramique (elle tourne le bouton au hasard!) ou à mouliner la soupe chaude (oups !).

Elle peut maintenant s’habiller toute seule en choisissant ses vêtements assez pertinemment. Plus rapide dans ses actes, elle surprend parfois. L’autre jour, alors que je la cherchais au moment de partir, elle était déjà dans la voiture avec son manteau et ses chaussures, la ceinture attachée, prête à partir ! Quand je suis en retard, je lui demande même de m’aider (prendre les clés, remplir sa gourde, sortir le chat …) et elle est très contente de participer.

Au-delà de ses progrès en autonomie, Cécile est devenue plus présente et plus attentive à son environnement et aux autres. Elle a à cœur de prendre part aux travaux familiaux, agit de façon cohérente de sa propre initiative : elle va chercher l’aspirateur et le passe alors que quelqu’un balaie, elle va chercher des bûches de bois dans la remise quand quelqu’un prépare le poêle, elle remplit sa gourde d’eau au moment de partir en voiture…. Ce qu’elle fait a du sens, ce n’est plus par imitation, mais avec une intention.

Elle veut faire elle-même (porter sa valise, mettre son blouson…) et par suite, elle gagne beaucoup en autonomie et en rapidité. Elle commence aussi à exprimer ses envies. Elle est passée de « non » interrogatifs et hésitants à des « non » affirmés. Elle a aussi fait comprendre qu’elle ne voulait plus rester avec certaines personnes qui s’occupaient d’elle auparavant, peut-être parce que leur approche ne s’est pas adaptée à la « nouvelle » Cécile, sans doute parce que Cécile a modifié ses affinités.

Apaisée, plus en rythme, Cécile a sans doute changé sa perception d’elle-même et l’exprime en prenant une nouvelle place. Elle ne veut plus être assistée. Elle veut s’intégrer avec les autres. Elle est contente de passer des après-midis hors de la maison, sans sa maman, répit que je savoure. J’ai pû notamment reprendre une activité sportive hebdomadaire.

Je peux aussi revisiter le quotidien. Je ne suis plus là pour assister Cécile mais pour l’aider à faire. Et Cécile m’aide en retour. Cécile plus responsable, je suis moins en alerte et donc plus sereine et par suite plus ouverte aux autres. Elle m’accompagne chez des amis sans monopoliser mon attention, participe aux courses, s’occupe pendant que je téléphone ou que je suis sur l’ordinateur, me regarde bricoler… je peux me concerntrer sur des activités avec Cécile à mes côtés.

Dans la sphère familiale, j’ai aussi plus de disponibilité et d’espace pour parler avec sa sœur Julie. La relation s’est modifiée entre nous trois. Il m’arrive de questionner Cécile de la même façon que sa sœur ce qui la re-situe à égalité avec elle.
Leur relation de sœurs a aussi évolué. Cécile veut passer jouer avec sa soeur, et non plus « à côté » d’elle.
Je garderai l’image de Cécile sur Olga, un cheval à la fois puissant et doux, entourée de thérapeutes qui avancent au rythme d’Olga. Olga porte Cécile allégée de tensions musculaires générées par une verticalité non aboutie, Olga berce Cécile en 3 dimensions dans un rythme régulier, vivant ; Olga nourrit sans doute Cécile de sa force tranquille et de sécurité affective. Le verbal est réduit à sa plus simple expression. C’est d’abord un langage du corps, des ressentis.

Rassurée, son corps agréablement éveillé, Cécile peut revisiter des gestes, des mouvements dans une nouvelle posture physique et émotionnelle, et oser se lancer, s’affirmer. A suivre … 

Une réflexion sur “Témoignage de Marie-Laure

  1. Un grand merci à cette maman pour le partage de ce témoignage. Je ne le répèterai jamais assez, cet institut et unique pour tout les être humains qui passe entre leurs mains. VIVE EQUIPHORIA !!!!!!!!😊😊😊

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